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The Knick - Critique du pilote (1x01)

20 Août 2014 , Rédigé par DoubleJ Publié dans #Câble US, #Cinemax, #Critiques d'épisodes

Cet été aura été très bon en terme de séries, tant et si bien qu'il résonne encore dans notre esprit (seuls les lecteurs les plus attentifs auront perçu le jeu de mot). Bien que je ne les ai - et certainement ne les aurai pas tous vus (j'en ai même manqué un certain nombre), je peux affirmer que cet été fut riche en dramas de qualité, à commencer par The Leftovers, qui, après huit épisodes, continue de me fasciner. C'était donc avec beaucoup d'attentes que j'ai débuté le pilote de The Knick, espérant y trouver le nouveau souffle des séries médicales - quelque peu haletant ces dernières années. Au terme de l'épisode, je n'oserai guère me prononcer sur ce point - cependant il est certain que souffle, s'il n'est nouveau, du moins il y a dans cette série historico-hospitalière, dont voici un bref synopsis (source : Wikipéida).

À l'hôpital Knickerbocker de New York, au début du vingtième siècle - époque où les antibiotiques n'existent pas encore -, les chirurgiens et les infirmières doivent repousser les limites médicales alors que le taux de mortalité a soudainement augmenté. Le Dr John Thackery, récemment nommé à la tête du service de chirurgie, est rejoint par le Dr Algernon Edwards, diplômé d'Harvard. Alors que le premier se bat contre ses addictions pour atteindre ses ambitions de grandes découvertes médicales, le second doit lutter contre les préjugés raciaux et gagner le respect de la population majoritairement blanche de l'hôpital et de la ville.

 

Vous l'aurez compris, l'originalité de la série repose sur l'époque traitée, peu commune pour une série américaine (tandis qu'elle est récurrente chez nos amis Anglais). The Knick nous montre l'Amérique à l'époque où elle était encore dans l'ombre de la puissante - mais vieillisante - Europe, où les références scientifiques et culturelles se trouvaient de l'autre côté de l'océan. Elle nous expose une Amérique que certains de ses habitants d'aujourd'hui n'aiment guère voir, une Amérique encore en construction, profondémment raciste et mysogine, où la science, encore à ses balbutiements, se révélait à la fois sérieuse et très expérimentale. C'est dans cette curieuse atmosphère qu'évoluent les héros de la série, tour à tour notables respectés et aprentis-sorciers, arpentant les rues d'un New-York à la croisée des siècles, dont seuls quelques indices nous laissent supposer qu'il est sur le point de basculer dans une nouvelle ère (électricité, progrès en médecine...). Cette ambiance - cohabitation d'une sociétée dépassée (XIXème siècle) et d'une tout juste naissante (XXème siècle), telles les années 50 et 60 dans les premières saisons de Mad Men - déteint sur la série dans son ensemble, à commencer par la réalisation, tant chirurgicale (on reconnait à travers certains plans, recherchés et soignés, le scalpel du maître Cronenberg) qu'elle est grotesque durant les scènes d'opérations, où le corps n'est guère plus qu'un quartier de viande sur lequel les docteurs mènent leurs expériences (ce procédé de réification pouvant au choix mettre à distance ou amplifier l'horreur de certaines scènes, à la manière de celles de Nip/Tuck). Cette atmosphère étrange transpire jusque dans les musiques de The Knick, électroniques et, par conséquent, totalement anachroniques - tout en consolidant l'image d'une série plongée dans le passé mais tournée vers l'avenir (de la science).

Ne vous y méprenez pas cependant : la série est avant tout médicale, et l'histoire centrée sur le Dr. Thackery, lointain cousin (ancêtre ?) du Dr. House (bien qu'il ne partage pour l'instant pas son humour), génie marginal sujet à forte(s) addiction(s). C'est à travers lui que l'on découvre un monde poisseux, dans lequel règne la corruption (les ambulanciers se font payer pour amener les malades dans un hôpital plutôt qu'un autre). Antihéros solitaire, formidablement incarné, le Dr. Thackery se révèle à la fois complexe et torturé, assez marginal et, finalement, peut-être pas aussi froid et détaché qu'on ne le pense. Au-delà de ses faiblesses, ce personnage est un passioné, un pionnier, persuadé d'être capable de révolutionner la médecine de l'époque. A ses côtés, le Dr. Edwards est un personnage bien plus positif - le héros de l'histoire ? - et, finalement, bien mal présenté dans ce pilote, où sa couleur de peau fait plus débat que l'homme lui-même (l'époque voulait ça). Les autres personnages, tous très bien incarnés, se révèlent déjà fort intéressants, et gagneront probablement en épaisseur dans les prochains épisodes. A travers eux, c'est toute la société de l'époque, rétrograde, qui est critiquée en toile de fond - tout en gardant les projecteurs braqués sur l'hôpital, comme Mad Men dénonçait elle aussi habilement en restant concentré sur l'agence Sterling-Cooper.

L'histoire, quant à elle, s'avère d'ores et déjà lente et intense. Non pas qu'elle ne soit pas intéressante, loin de là, mais disons qu'il faut aimer les séries dramatiques à la HBO (ce qui est mon cas) pour suivre avec passion The Knick. Et si ce n'est l'histoire qui vous repousse, il est possible que certaines scènes d'opération - dont je ne suis moi-même pas un grand adepte - vous fasse détourner les yeux ou, à défaut, tourner de l'oeil. Oui, cette série est très - trop ? - exigente, préférant bousculer le spectateur plutôt que de tendrement le cajoler - comme les produits formatés de grandes chaînes savent (parfois si mal) le faire. Aussi ambitieuse que son antihéros, The Knick n'a pas froid aux yeux, et refuse tout conventionalisme - ce qui est en soit une bonne chose, d'autant que la série ne vire pas non plus au grand n'importe quoi. C'est en conservant cette originalité troublante, parfois même bluffante, qu'elle parviendra (peut-être) à se démarquer des autres séries du câble (toutes aussi audacieuses). Il faudra peut-être cependant que la série étoffe quelque peu son intrigue, non pas qu'elle soit inintéressante pour l'instant, mais je doute tout de même de la capacité de la série à nous captiver uniquement grâce à son ambiance et ses personnages. Je ne doute néanmoins pas du potentiel de la série qui, j'en suis sur, saura rester fascinante au fil des épisodes.

 

The Knick, tout en nous captivant de par ses héros et, on l'espère, son histoire à terme, nous promet des moments éprouvants. Est-ce une raison pour passer son chemin ? Si vous êtes en période de dépression, très certainement. Dans le cas contraire, il serait dommage de manquer l'une des toutes meilleures nouveautés de l'été, qui, sans réinventer le genre, lui apporte un nouvel accent (historique), qui pourrait bien faire la différence. Quels que soient vos à prioris, vous auriez tort de ne pas (au moins) tenter l'expérience en vous plongeant dans ce premier épisode. Vous pourriez vous surprendre à vous éprendre de The Knick.

The Knick - Critique du pilote (1x01)
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