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The Leftovers - Critique de la saison 1

13 Septembre 2014 , Rédigé par DoubleJ Publié dans #Câble US, #HBO, #Critiques de saisons

The Leftovers - Critique de la saison 1

La première saison de The Leftovers s'étant achevée il y a quelques jours aux Etats-Unis, j'ai décidé de revenir sur la série dans une critique complète, après celles que j'avais réalisées du pilote et du pénultième épisode. Et que d'émotions à l'issue de cette première saison magistrale, conclue par un final qui ne l'est non moins. Alors que, malgré mes espérences, j'avais émis quelques réserves lors de ma critique du premier épisode, je peux désormais affirmer être entièrement conquis par la série. Prenons donc dès à présent le temps d'expliquer le parcours de The Leftovers, épisode après épisode, dans une ascencion fulgurante vers des sommets d'émotions dignes des plus grandes séries.

 

Si la série, lors de ses deux premiers épisodes, se montrait déjà accrocheuse, dessinant lentement le portrait de héros torturés, elle était alors peut-être un peu trop décousue pour être appréciée à sa juste valeur, nous emportant autant qu'elle nous laissait souvent sur le bord du chemin, en marge d'un univers pourtant passionant. Le temps de s'acclimater à son rythme sans doute, à son atmosphère opressante, étouffante. Peut-être les deux premiers épisodes étaient-ils aussi trop vagues, nous obligeant à nous demander où la série voulait en venir. On nous avait vendu un pitch fantastique, et elle ne s'avérait être qu'un drame humain - sans pourtant forcément pleinement l'assumer dans un premier temps. Et le fait de ne pas avoir encore installé les personnages avant de nous en montrer toute la subtilité avait de quoi nous déstabiliser.

Oui, mais cela, c'était avant le troisième épisode. Centré sur Matt, le pasteur de la ville, personnage alors en marge du récit, cet épisode semble poursuivre un but, et nous entraîne avec lui dans sa course haletante. Un épisode à part, comme deux autres dans la série, suivant ce que j'ai décidé d'appeler la loi des 3. En effet, tous les trois épisodes, The Leftovers se réinvente, et choisit de développer une histoire a priori secondaire, qu'elle soit centrée sur un personnage peu vu auparavant (Matt, Nora) ou sur une période différente (pré-14 octobre dans l'épisode 9). Ces trois épisodes font d'ailleurs partie des plus réussis de la série, ayant grandement contribué à mon attachement croissant à elle. Chacun d'eux se construit comme une fable, une parabole, donnant un sens profond à chacune de leurs scènes. Car c'est en avançant au rythme de ses personnages que la série finit par trouver le sien. 

En s'affranchissant des barrières du temps et en mêlant réalité et fantasmes, The Leftovers élève son niveau et fascine, se présentant à nous comme une oeuvre métaphorique, métaphysique même. Difficilement compréhensible, elle ne fait pas tant appel à nos capacités intellectuelles, mais bien d'avantage à nos sens, à nos émotions - elle est d'ailleurs à ce titre souvent bouleversante, parvenant à nous faire ressentir une palette de sentiments telle qu'il nous serait avec possible d'y peindre une fresque semblable à celle de son sublime générique. Trait d'esprit à part, cette série, telle un funanbule, vacille, avance lentement et bascule parfois au détour d'une scène - dans le rêve comme dans la violence. Il est à ce titre difficile d'oublier l'insoutenable violence de la scène d'ouverture du cinquième épisode, où l'une des membres de la secte des Guilty Remnants est sauvagement lapidée. Les scènes d'ouvertures des épisodes sont d'ailleurs, soit dit en passant, souvent très réussies, comme celle de l'épisode 4, glaçante, où l'on observe le processus de frabrication de "Jésus" génériques, interchangeables - symbole de la perte de foi des habitants de la petite ville de Mappleton.

Comme je l'évoquais dans mon introduction, je ne pouvais évoquer la série sans parler de son épisode final, qui s'ouvrait d'ailleurs lui aussi sur une scène d'une esthétique redoutable, utilisant la magnifique chanson de Jacques Brel Ne me quitte pas certes un peu amochée par l'accent déplorable de Nina Simone, qui apporte tout de même une forme de mélancolie étrange à la chason originale -, prouvant une nouvelle fois le goût prononcé de Damon Lindelof pour la chanson française (La Mer de Charles Trenet avait déjà été utilisée dans l'un des épisodes de la première saison de Lost). Je pourrais consacrer un article entier à l'épisode, tant il pourrait être interprété de différentes manières, mais concentrons-nous sur l'essentiel : les Guilty Remnants et leur plan macabre, déclenchant une émeute suivi du lynchage de leur communauté dans une scène apocalyptique d'anthologie. Ce déchaînement de violence, aussi soudain que bref, prouve qu'il n'est possible d'oublier pour les habitants de la petite ville de l'Etat de New-York. Il n'est possible d'ignorer la souffrance du au manque, et de vivre dans ce monde où cela n'a précisément plus de sens. Où plus rien n'a de sens. Et puis, alors que l'espoir - ou du moins l'illusion qu'il en reste - s'est envolé, la saison se termine sur une note positive, presque troublante et dissonante dans ce drame dépressif : le nouveau-né, symbole du renouveau et de l'espérance, qui pousse Nora Durst à rester plutôt que de fuir par lâcheté, sachant qu'elle ne trouvera probablement nullement le bonheur ailleurs.

 

Que nous réserve donc la suite de The Leftovers ? En saurons-nous plus sur la fameuse disparition au centre de la série ? Et bien... non. Non pas que je sois persuadé qu'une réponse à un tel mystère ne peut exister, mais bien que cela n'a guère d'importance, car ce fameux mystère, contrairement à ce que je viens de dire, n'est pas au coeur de la série. Il n'est qu'un prétexte pour suivre une floppée de personnages profonds, brillament incarnés, qui cherchent un nouveau sens à leur vie dans un monde qui n'en a plus. Qu'ils le trouvent dans la foi, dans les rangs d'une secte, chez les personnes qui comptent encore pour eux ou qu'ils n'en trouvent simplement pas, ces personnages, blessés au plus profond d'eux-mêmes, n'auront probablement de cesse de nous fasciner si les scénaristes de la série parviennent à garder un tel niveau d'écriture. The Leftovers s'était amorcée comme une série troublante, expérience étonnante mais exigente et souvent obscure. Elle s'affirme désormais comme une grande oeuvre, très certainement même l'une des toutes meilleures de l'année écoulée. N'en déplaise à ses détracteurs, The Leftovers n'est pas prête à cesser de nous fasciner.

The Leftovers - Critique de la saison 1
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A
j'aime me promener ici. un bel univers. venez visiter mon blog. merci
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A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir
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